Pascal: À propos de l’interaction médicamenteuse

Bonjour Docteur, Je suis âgé de quarante-huit ans, je fais du « pso » depuis l’âge de vingt-trois ans, cela fait un bail, j’ai déjà tout essayé comme traitement mais en vain. Depuis cinq ans, je suis déficient immunitaire, je reçois tous les vingt-huit jours quatre perfusions de Multigam prescrites par mon pneumologue le Docteur M. J’étais également suivi par un rhumatologue qui était contre un traitement aux anti-TNF. Avec le conseil de mon pneumo, je suis allé voir un autre rhumatologue et un autre dermato de la région de Charleroi où j’habite. Le Docteur R. m’a prescrit du Ledertrexate et de l’Arava et se renseigne sur les effets du Multigam et des anti-TNF. D’après lui, lors d’un congrès aux États-Unis fin 2010, les anti-TNF sont moins dangereux que le Médrol que je consomme depuis des années en fortes doses. Quand je suis en crise, je monte à 96 mg/jour. Il m’a fait réduire ma consommation de Cortisone et actuellement je n’en prends plus. Pouvez-vous me renseigner sur la compatibilité de ces traitements. Cordialement,

La réponse du Docteur Ghislain

Cher Monsieur,

Il y a plusieurs sous-questions dans votre demande. D’abord, celle des interactions médicamenteuses. C’est un point important, souvent sous-estimé. La prise de deux médicaments en même temps peut avoir des effets multiples et différents : annulation d’efficacité, ou augmentation, de l’un, de l’autre, ou des deux. Induction d’effet secondaire, qui ne serait pas survenu en présence d’un seul des deux médicaments. Ou développement d’une intolérance. La plupart du temps, ces interactions sont déjà bien connues. Les pharmaciens sont particulièrement conscients du problème et disposent d’ailleurs de logiciels d’aide spécifiques.

Sur la cortisone prise en comprimés ou injections, il est évident qu’on préfère l’éviter, même si elle est encore souvent nécessaire pour traiter les formes articulaires. En dermatologie, son usage est exceptionnel. Son usage répété à hautes doses est nocif, certainement.

Concernant les anti-TNF, je serais encore prudent dans l’évaluation de leurs effets à moyen et long terme. On peut être rassuré actuellement, mais on a besoin de beaucoup plus de recul pour se faire une opinion permettant de les comparer aux traitements conventionnels. Je n’hésite pas à en prescrire chaque fois que nécessaire, sans arrière-pensée, mais je ne rejoins pas encore certains médecins qui les proposeraient bien comme premier traitement, s’ils coûtaient moins cher.