Bernard : l’espoir des cellules souches

Bonjour Docteur, Bonjour à tous, Si je ne me trompe pas, on parle souvent de greffes de peau et d’organes qui se régénèrent « seuls ». Dans peu, je vais être papa et une question me brûle les lèvres. Le sang de cordon est, si j’ai bien compris, une ressource incroyable qui semble soigner beaucoup de choses. Je me doute que le psoriasis n’est pas encore en voie d’éradication mais ces cellules souches pourraient-elles, dans un futur, servir notre cause ? Si oui, y a-t-il déjà des retombées de résultats ? Bien à vous, Bernard

La réponse du Docteur Ghislain

Monsieur,

C’est une piste actuellement explorée, qui a pu donner ici ou là quelque espoir, mais qui reste globalement décevante dans le domaine du psoriasis.

Pour simplifier, rappelons qu’au fil de la formation de l’embryon, les cellules se spécialisent progressivement : cellule de peau, de foie, de cheveu, de cœur, de muscle long, etc. Par la suite, chez l’enfant et l’adulte, toutes ces cellules (sauf plus ou moins les neurones) se renouvellent d’abord pour permettre la croissance, ensuite pour permettre le renouvellement face à l’usure. Mais alors, une cellule de peau donne une autre cellule de peau, une cellule de pancréas une autre cellule de pancréas, etc. Heureusement ! Alors qu’au tout début de l’embryon, il y a une seule cellule primitive, qui se divise en deux, puis devient quatre cellules, huit, seize, trente-deux… À ce moment-là, ces cellules ont encore le pouvoir d’évoluer ultérieurement en toutes sortes de cellules : les cellules sont encore totipotentes. Un peu plus tard, elles gardent le pouvoir d’évoluer non plus en toutes les sortes de cellules, mis en certaines sortes : elles sont pluripotentes. Enfin, elles se spécialisent ensuite au stade terminal et perdent le pouvoir de donner autre chose qu’elles-mêmes.

Une cellule « souche » est une cellule qui peut encore évoluer vers plusieurs formes. Les cellules souches issues d’embryon sont très riches mais posent d’énormes problèmes éthiques et médicaux. Les adultes gardent certaines cellules souches (moelle osseuse…), et celles du sang du cordon sont très bonnes.

Elles sont utilisées (ou tout au moins on essaie de les utiliser) pour compenser certains manques. Imaginez quelqu’un qui n’aurait plus de foie, et chez qui on implanterait des cellules souches à qui on dirait « reconstituez du foie » : on pourrait théoriquement voir repousser un foie complet. C’est encore utopique, mais… Quelques applications existent déjà, par exemple pour des déficits acquis ou congénitaux en certaines enzymes : vous manquez d’insuline (certains diabètes), et on vous replacerait des cellules souches capables de compenser ce manque. Vous n’auriez plus besoin des injections d’insuline, car vous la produiriez à nouveau. Au conditionnel, encore…

Vous aurez compris que ce n’est pas envisageable à ce stade pour le psoriasis. Celui-ci possède une base génétique, mais inconstante, et faisant appel à plusieurs gènes différents, et à des associations de gènes : ce n’est pas une maladie génétique « simple », dans lequel un gène précis serait manquant ou anormal. De même, le psoriasis ne provient pas d’un excès ou d’un défaut en une protéine, une enzyme, une quelconque substance sur laquelle on pourrait agir d’une manière semblable.

À l’heure actuelle, le psoriasis (les psoriasis plutôt ??) semble découler d’un équilibre perturbé, faisant appel à une base génétique, des stimulations extérieures (infection, environnement, médicaments, alimentation…), et du stress au sens large. L’un ou l’autre de ces facteurs pouvant être absent, selon le patient. Difficile à ce stade d’envisager une option de traitement par cellules souches…

Bien à vous,
Docteur Ghislain.