Les différentes facettes de la maladie psoriasique
A l’occasion du salon du psoriasis et de l’arthrite psoriasique 2024, le professeur Adrien Nzeusseu, rhumatologue aux cliniques universitaires St Luc de Bruxelles, a tenu une conférence qui abordait les diverses présentations de la maladie psoriasique.
En effet, on sait aujourd’hui que les symptômes dermatologiques et rhumatologiques sont en réalité diverses formes d’expression de la même maladie psoriasique, une maladie inflammatoire chronique et évolutive. Malheureusement, les symptômes rhumatologiques ne sont pas toujours correctement diagnostiqués, ni attribués à une maladie psoriasique, et par conséquent pas toujours pris en charge de manière optimale par des médecins spécialistes.
« L’arthrite psoriasique (aussi appelée PsA) est en réalité une maladie multifacette avec 6 manifestations distinctes. » expliquait-il. Elle apparait entre 30 et 50 ans, autant chez les hommes que chez les femmes, et dans 8 cas sur 10, elle s’exprime par des symptômes cutanés : psoriasis cutané et psoriasis des ongles en amont des symptômes rhumatologiques.
96% des patients souffrant de PsA présentent des problèmes d’arthrite périphérique, au niveau des articulations des coudes, épaules, mains ou pieds, …qui sont déformées et parfois douloureuses. Près de 70% des patients souffrent d’arthrite au niveau de la colonne vertébrale. Et la moitié présentent des enthésites (inflammation des enthèses, lien entre les tendons et les os) ou des dactylites ( inflammation et gonflement des doigts et des orteils dits « en saucisse »).
« Le gros problème avec les symptômes rhumatologiques de la maladie psoriasique, c’est qu’ils ne sont pas exclusifs à la PsA, on peut les attribuer à plusieurs maladies, le diagnostic est donc long et complexe, il s’agit de faire ce qu’on appelle un diagnostic différentiel ( éliminer les possibilités de maladies) , on est obligé de passer par l’imagerie ( radios, scanners, etc.) . Parfois, on les soigne sans avoir fait le lien avec un psoriasis existant. De plus, plus de 40% des malades PsA ont plus de 3 comorbidités (co-maladies), dont le psoriasis, les maladies intestinales MICI, ou l’uvéite par exemple mais aussi le syndrome métabolique, les problèmes cardiovasculaires, etc. »
Le choix du traitement approprié devra donc tenir compte de cette « mosaïque », en essayant d’agir sur le plus possible de zones touchées par la maladie psoriasique, tout en n’étant pas néfaste pour une éventuelle autre pathologie présente. Les médecins se basent sur les recommandations GRAPPA pour ce faire. L’idéal est aussi de traiter au plus vite, avant que des blessures irréversibles ne soient présentes. Rechercher des atteintes rhumatologiques en cas de psoriasis cutané ou des ongles est donc primordial pour cela !
« Nous disposons déjà de nombreuses possibilités de traitement, et le futur est assurément rassurant, on va disposer de molécules de plus en plus ciblées, donc plus sûres et bien tolérées, et probablement d’approches individuelles selon le profil génétique de chaque patient. Il faut donc consulter et ne pas hésiter à évoquer une plainte rhumatologique si vous souffrez de psoriasis. C’est une prise en charge multidisciplinaire qui sera mise en place. »