Prise en charge du psoriasis : tenir compte d’une multitude d’aspects
A l’occasion du salon du psoriasis et de l’arthrite psoriasique 2024, le Dr Bernadette Blouard, dermatologue à Bouge, a attiré l’attention de l’auditoire sur la largeur de l’impact du psoriasis sur la vie quotidienne des patients atteints et de leur entourage, et par conséquent, de l’importance d’une prise en charge globale de la maladie par un ou plusieurs médecins auxquels ils accordent leur confiance.
Après avoir rappelé combien il importe de diagnostiquer rapidement un psoriasis pour le traiter au plus vite et en tenant compte des diverses comorbidités fréquemment présentes (70% des patients pso ont au moins une autre maladie, dont 21% un syndrome métabolique*), le Dr Blouard a évoqué la vie quotidienne des patients avec un pso.
En effet, parallèlement à la sévérité des symptômes cutanés, souvent mesurée selon la surface de peau atteinte, il existe de nombreux aspects de la vie quotidienne qui sont impactés par la maladie. Son impact est bien entendu tout à fait individuel, et pas toujours proportionnel à la sévérité de la maladie. Pensons ainsi à l’âge du patient et à sa confiance en lui par exemple. De multiples aspects de la vie peuvent être impactés par le pso : la vie professionnelle, la vie sexuelle, le sommeil, l’humeur, les hobbies, le type de sports pratiqués, le comportement alimentaire, la manière de s’habiller, etc. Un grand nombre de patients présente des troubles anxieux ou dépressifs. Et idéalement, la prise en charge thérapeutique doit tenir compte de ces différents aspects, c’est ce qu’on appelle une prise en charge globale ou holistique. Cependant, cela suppose que le patient évoque ce type de problèmes à son soignant d’une part, et que celui-ci l’entende, d’autre part. De plus, le choix du traitement idéal dépendra aussi de certaines préférences et/ou problèmes exprimés par le patient pour garantir qu’il se soigne de manière optimale (mesures générales d’hygiène de vie, bien prendre son médicament, etc.). Bref, il faut instaurer une relation de confiance, y consacrer le temps qu’il faut, et ne pas hésiter à adapter le traitement, à y aller à tâtons, …mais ce qui est certain, c’est qu’on finira dans la plupart des cas par arriver à trouver le « bon » traitement, celui qui convient à chacun, car il existe aujourd’hui une belle variété de traitements efficaces et sûrs disponibles. Ceci suppose cependant que l’on exprime à son ou ses soignants ce qu’on attend véritablement de son traitement, en toute franchise. En effet, les résultats de l’étude internationale « PSO-target », impliquant des patients et médecins belges, ont mis en évidence la disparité des objectifs poursuivis par les patients et leurs médecins à l’heure de choisir et essayer un traitement. A chaque patient donc de clairement exprimer ce qu’il désire voir modifié par son traitement ! Dans de trop nombreux cas, le dermatologue juge un traitement satisfaisant au vu des résultats cutanés alors que son patient n’est pas entièrement satisfait.
Le score DLQI
Le Dermatology Life Quality Index (DLQI) est un outil validé pour évaluer l’impact d’une affection cutanée sur la qualité de vie. Indépendant des scores spécifiques (PASI, etc…), il évalue la qualité de vie selon 4 composantes : physique, subjective, sociétale et thérapeutique. De manière intéressante, on constate parfois des discordances entre le score de sévérité cutanée du psoriasis et celui de la qualité de vie. Par exemple, une personne qui souffre d’un psoriasis des ongles, scoré comme relativement léger, qui voit sa vie professionnelle et sociétale énormément impactée par ce même psoriasis. Heureusement, les médecins sont de plus en plus nombreux à être conscients de ces aspects et il existe même certains traitements auxquels on peut accéder au remboursement à l’aide du résultat DLQI, plutôt que la sévérité cutanée.
*Le syndrome métabolique correspond à l’association de plusieurs troubles liés à la présence d’un excès de graisse abdominale. Les personnes concernées présentent un tour de taille important (supérieur à 94 cm pour les hommes et à 80 cm pour les femmes) et au moins deux autres anomalies parmi les suivantes : une hyperglycémie (excès de sucre dans le sang), un taux de triglycérides élevé, un faible taux de « bon » cholestérol HDL, une tension artérielle trop haute.