Certaines personnes atteintes de psoriasis ont, parfois, peur de suivre une biothérapie, de prendre des traitements immunosuppresseurs car elles pensent qu’elles n’en ont pas besoin vu qu’elles ne souffrent pas d’un cancer et que ces traitements anti-psoriasiques sont des armes thérapeutiques anticancer. Info ou intox ? Un vaste amalgame est souvent fait. Nous remettons pour vous les pendules à l’heure…
Tout et son contraire a été dit, écrit en la matière. Avec raison ou pas… ?! Et, dès lors de nombreuses personnes ont fait des amalgames. Cela s’est surtout produit lors de la première campagne de vaccination anti-Covid (et des suivantes également), mais aussi au début de la pandémie, lorsque les autorités sanitaires ont invité les personnes sous immunosuppresseurs à la plus grande prudence en matière de contamination et à se faire vacciner en priorité. Parmi elles, des personnes souffrant d’un cancer car elles étaient (sont) à risque mais aussi des personnes atteintes de psoriasis.
Pourquoi de telles craintes ?
Certaines personnes peu ou mal informées peuvent bien entendu être très craintives, voire réticentes face à certaines (bio)thérapies anti-psoriasiques (orales/par injections) : biosimilaires, immunosuppresseurs, biothérapies, etc. Il convient, toutefois, de répéter que les traitements anti-psoriasiques actuellement disponibles sont pour la plupart très efficaces et de plus en plus souvent adaptés au cas par cas afin d’optimaliser la tolérance, la sécurité de molécules qui, pour certaines, sont également utilisées dans le traitement d’autres pathologies, dont bien entendu le cancer (à des dosages différents). Mais c’est également le cas pour de très nombreuses autres molécules médicamenteuses. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire tout simplement la notice d’un médicament pour voir les très nombreuses indications dont il bénéficie, ses effets secondaires potentiels et, surtout, les diverses pathologies qu’il permet de traiter. Maladies qui n’ont souvent rien en commun !
L’information et la prudence restent de mise
Face à l’inquiétude, voire aux réticences de certaines personnes atteintes de psoriasis vis-à-vis de certaines thérapies, jugées par elles – à tort – comme essentiellement anticancer, le médecin généraliste, mais aussi et avant tout le dermatologue prescripteur de ce type de traitement, doit informer, rassurer et rester prudent. En effet, une bonne information concernant un traitement est la garantie d’une bonne adhésion à cette même thérapie et dès lors aussi potentiellement l’assurance d’une bonne efficacité ! Les dermatologues doivent faire preuve d’extrêmement de vigilance, de prudence lorsqu’ils prescrivent des biothérapies, des immunosuppresseurs à des personnes non-averties qui souffrent de psoriasis. Ils doivent bien choisir les mots qu’ils utilisent et bien expliquer les avantages, les inconvénients, les points forts, les effets secondaires potentiels du traitement qu’ils comptent prescrire. Sans oublier les résultats probants en matière de blanchiment des plaques, etc. Ils éviteront ainsi de stresser, d’angoisser inutilement les patients craintifs, dubitatifs ou réticents à ce type de traitements. Certains d’entre eux font en effet un véritable blocage. Si c’est votre cas, sachez que chaque psoriasique réagit à sa manière, comme il le sent. C’est au cas par cas… Heureusement, les médecins disposent, de nos jours, de données scientifiques, de témoignages de patients qui peuvent lever vos doutes, vous rassurer. Ils peuvent vous montrer des résultats encourageants et probants obtenus avec les biothérapies et d’autres traitements. Demandez-leur conseil. Il n’y a pas d’amalgame à faire entre traitements anti-psoriasiques et anticancer. Ce n’est pas parce que l’on souffre de psoriasis que l’on a le cancer ou qu’on va en avoir un. Et inversement !
D’où viennent cet amalgame et cette crainte ?
Tout simplement parce que certaines personnes psoriasiques ont (eu) un parcours parfois chaotique dans la recherche d’une thérapie efficace et bien tolérée. Certaines ont essayé de nombreuses thérapies par le passé qui n’ont donné que peu de résultats et peuvent dès lors se montrer réticentes face aux biothérapies, aux nouvelles molécules. Elles sont souvent passées par la case généraliste suivie de plusieurs consultations dermatologiques ou autres, sans résultats probants. Or, depuis quelques années l’arsenal thérapeutique en matière de traitement du psoriasis modéré à sévère en plaques s’est considérablement étoffé, avec un blanchiment des plaques de plus en plus élevé. Leur dermatologue, sur base de résultats obtenus chez d’autres patients, peut les convaincre, leur ôter leurs doutes, les rassurer.
L’exemple qui vient d’ailleurs
« Outre l’impact et l’influence du dermatologue, les informations fournies à foison, ce blocage et cet amalgame peuvent être une fois pour toutes dissipés, levés en présence de personnes psoriasiques qui n’ont pas (eu) de cancer et qui suivent une biothérapie, un traitement immunosuppresseur pour leur psoriasis et qui revivent littéralement : disparition ou atténuation des plaques, blanchiment élevé, qualité de vie optimale. Les témoignages de psoriasiques qui prennent de tels traitements, qui les tolèrent bien, qui ont vu leur qualité de vie améliorée sont souvent les éléments les plus rassurants pour certaines personnes en proie à de telles craintes, à celles qui font l’amalgame entre traitement anticancer et anti-psoriasique », explique le Docteur Pierre-Dominique Ghislain, dermatologue aux Cliniques universitaires St-Luc à Bruxelles. Et d’ajouter : « De plus en plus de personnes s’informent sur les sites médicaux, les forums, les réseaux sociaux mais recueillent également des informations, des données scientifiques et surtout des témoignages auprès d’autres personnes ou auprès des associations de patients comme, par exemple, Psoriasis Contact. »
Barbara Simon avec l’aimable collaboration du Docteur Pierre-Dominique Ghislain, Dermatologue aux Cliniques universitaires St-Luc à Bruxelles.