La majorité des patients psoriasiques qui doivent suivre un traitement topique anti-psoriasique comme le Dovobet™ apprécient son efficacité, sa rapidité d’action, mais ils sont également très nombreux à regretter un effet rebond assez rapide après l’arrêt du traitement. Il semble logique – pour tout un chacun – d’arrêter l’application d’un traitement local, d’une pommade dès que les symptômes ont disparu. Dans le cas du psoriasis et, avec l’utilisation du Dovobet™ des laboratoires LEO Pharma, même si la tentation est grande de tout arrêter dès disparition des plaques, squames, etc., il convient de suivre un traitement d’entretien, dégressif. Explications détaillées et conseils pratiques pour éviter toute reprise des symptômes avec le Docteur Françoise Guiot, dermatologue à Grez-Doiceau.

Psoriasis-Contact : L’arrêt du Dovobet™ après disparition des plaques, des squames entraîne un effet rebond assez rapide. Quels conseils d’application à prodiguer ?

Docteur Françoise Guiot : « En fait, le corps médical, et donc les dermatologues, savent très bien que le Dovobet™ des Laboratoires LEO Pharma n’est pas un médicament dangereux sur le long terme. Pourquoi ? Parce que nous connaissons le rôle important et essentiel joué par la vitamine D. Et le Dovobet™ est un analogue de la vitamine D, qui diminue également les effets secondaires du corticoïde qu’il contient. Les dermatologues ont un peu tendance à préconiser le Dovobet™ en traitement d’entretien. C’est-à-dire que dès que le patient constate une amélioration des plaques, des squames, il ne l’appliquera bien entendu plus tous les jours, mais il ne cessera pas pour autant de s’enduire de ce topique. Pourquoi ? Tout simplement, parce que le problème de l’effet rebond avec les corticoïdes quels qu’ils soient, quel que soit leur mode d’administration, se pose toujours lorsqu’un patient arrête brutalement ce type de traitement. Nous essayons dès lors de proposer une dégressivité lente de l’utilisation du Dovobet™. Voici, une sorte de schéma thérapeutique qui est généralement préconisé : si les patients psoriasiques utilisent tous les jours le Dovobet™ et qu’ils constatent une amélioration probante de leurs symptômes, nous aurons tendance à leur conseiller de l’utiliser pendant deux semaines à raison d’un jour sur deux, et puis peut-être deux fois par semaine pendant deux semaines, et enfin peut-être de garder une application par semaine sur des zones qu’on appellerait ‘problématiques chroniques’. Comme, par exemple, les coudes et les genoux. Le mieux dans ce cas de figure est de préconiser une application de Dovobet™ au moins une fois par semaine sur ces zones-là. Ce qui est donc très important, c’est d’expliquer au patient psoriasique que même quand cela va bien, qu’il a l’impression de ne plus rien avoir, de continuer malgré tout encore un tout petit peu les applications de Dovobet™, mais en diminuant la cadence. »

Psoriasis-Contact : Avec un corticoïde pris par voie orale, prenons un exemple bien connu en dermatologie, comme le Médrol™ (méthylprednisolone – un dérivé de la cortisone), c’est plus facile parce qu’il est disponible en comprimés sécables (NdlR : qu’on peut couper en petits morceaux). Avec une pommade, une crème émolliente, un traitement topique, la tentation est grande dès amélioration des symptômes d’arrêter du jour au lendemain ce type d’application. Comment expliquez-vous ce type de comportement? Les patients ont-ils une perception tellement mauvaise en matière d’observance du traitement topique qu’ils l’arrêtent si rapidement ?

Docteur Françoise Guiot : « Je pense que les patients psoriasiques, étant donné qu’ils sont des malades chroniques, en ont assez de s’enduire fréquemment de crème ! Il suffit d’imaginer, par exemple, un patient psoriasique qui compte parfois 30 ans d’évolution de maladie. Il est bien normal qu’il se dise quand cela va mieux, ‘ça va, j’arrête’. Parce que pourquoi continuer quand cela va bien ? Alors que justement, cela permet d’éviter les rechutes. Non seulement, on évite l’effet rebond, mais aussi la reprise des symptômes par la suite en gardant simplement une application par semaine. Et le risque de toxicité avec une application par semaine, est nul. Donc, il est important  après disparition des symptômes de continuer les applications de Dovobet™. C’est un peu comme avec le Protopic™ ou l’Elidel™ dans la dermatite atopique (une affection dermatologique bien connue et caractérisée, entre autres, par une sécheresse extrême de la peau). Il convient peut-être de préciser, à l’instar de ce que l’on fait en cas de dermatite atopique avec les deux produits susmentionnés, aux patients que le Dovobet™ n’est pas un traitement d’attaque, mais bien un traitement de fond. Mais, je peux très bien comprendre que l’application régulière de crème émolliente – sur le long terme – puisse être très contraignante. C’est indéniable. »

Psoriasis-Contact : Un petit résumé  concernant le Dovobet™ ?

Docteur Françoise Guiot : « Surtout ne pas interrompre le traitement, mais arrêter progressivement les applications, principalement sur les zones à risques. Et continuer à se concentrer sur ces zones à risques, même s’il n’y a plus de squames ou de présence de psoriasis, poursuivre les applications de Dovobet™ à un rythme dégressif afin justement d’éviter toute réapparition des symptômes. En effet, une inflammation microscopique est toujours susceptible de se réactiver dans ces zones-là. Il est, dès lors, impératif de garder au moins une application par semaine !»

Psoriasis-Contact : Pensez-vous justement que toute cette période de Covid-19, de confinement, puis de déconfinement, a été propice à la compliance des traitements, ou justement pas du tout et que les patients (notamment psoriasiques) étaient beaucoup plus focalisés sur autre chose ?

Docteur Françoise Guiot : « Je ne dispose pas de données scientifiques étayées. Je ne peux parler que de mes patients qui étaient sous biologiques. Et, en ce qui les concerne, cela n’a rien changé. Mais vraiment rien du tout. Maintenant, pour ceux qui étaient sous topiques, je n’ai pas non plus l’impression que cela ait fort changé la donne. Certains patients étaient plus stressés et d’autres, au contraire, nettement moins. C’est au cas par cas. On observe en pratique dermatologique les deux cas de figure. Et puis, il faut aussi tenir compte de la météo, du fait qu’il a fait très ensoleillé pendant le confinement et que les patients psoriasiques qui ont un jardin ou qui ont pu se promener, etc. en ont profité. Ils étaient dehors très souvent. Et, forcément, dans ces conditions, le psoriasis va mieux. Pratiquement deux mois de soleil, c’est l’équivalent d’une grosse cure de puvathérapie. Mais, encore une fois, c’est très variable d’une personne à l’autre. Chaque personne a vécu ce confinement de façon différente. »

 Propos recueillis par Barbara Simon